Empreinte eau
Contexte
L'eau douce est considérée comme une ressource renouvelable, mais les pressions qu'elle subit du fait de l'augmentation de la population mondiale et de l'amélioration du niveau de vie global en font une ressource qui s'amenuise, et qui est même rare dans de nombreux pays ou régions.
Or l'eau est une ressource indispensable à l'activité des entreprises. L'eau est donc en passe de devenir un enjeu majeur pour les organisations publiques ou privées.
L'empreinte eau est un outil récent, encore très complexe, et dont le développement au sein des entreprises s'amorce à peine, mais il devient peu à peu un outil aussi intéressant que le bilan carbone © ou les ACV.
Principe - méthodologie
Appliquée tout d'abord aux États, l'empreinte eau a depuis peu été transposée aux entreprises.
Il s'agit d'évaluer toute l'eau consommée et polluée directement et indirectement lors de la production d'un bien ou d'un service, ce qui permet aux entreprises de mesurer leur degré de dépendance à cette ressource. Cette première étape réalisée, le bilan obtenu permet de mettre en place les actions nécessaires à une gestion durable de la ressource en eau pour l'entreprise.
Remarque :
L'empreinte eau est un outil quantitatif et monocritère.
L'empreinte eau se calcule soit du point de vue du producteur (empreinte eau de production), soit du point de vue du consommateur (empreinte eau de consommation) :
L'empreinte eau de production (d'un bien ou d'un service) est égale au volume d'eau douce utilisé pour fabriquer un produit, dans toutes les phases de sa production. Ce volume se décompose en trois éléments, correspondant à de l'eau consommée, évaporée ou polluée :
L'eau verte est le volume d'eau consommée ou évaporée par les plantes lors du phénomène naturel d'évapo-transpiration.
L'eau bleue est le volume d'eau prélevé dans les cours d'eau ou dans les eaux souterraines pour des usages domestiques, industriels ou agricoles.
L'eau grise est la quantité d'eau qu'il est nécessaire d'utiliser pour diluer les « polluants » utilisés dans l'entreprise afin de répondre à la réglementation (normes d'eau potable).
L'empreinte eau de production est géographiquement explicite : elle indique les volumes d'eau utilisés, mais aussi les lieux d'utilisation.
L'empreinte eau de consommation (d'un bien ou d'un service) est égale au volume d'eau douce nécessaire pour produire les biens et services destinés à une population donnée, que ce soit un individu, une collectivité, un pays, ou l'humanité dans son ensemble. Cette eau provient des eaux de surface, des nappes phréatiques, ou des précipitations.
A l'échelle d'une organisation, l'empreinte eau de consommation se décompose en :
L'empreinte eau interne est le volume d'eau requis pour fournir les biens et services produits et consommés à l'intérieur de l'organisation.
L'empreinte eau externe est le volume d'eau nécessaire pour produire les biens importés. Dans le cas d'un pays, cette empreinte eau est affectée au pays importateur, bien que l'eau provienne du pays exportateur.
Remarque :
Le concept d'empreinte eau est encore à l'étude. L'outil doit être amélioré pour devenir plus fiable.
A l'instar du Global Footprint Network pour l'empreinte écologique, le Water Footprint Network met au point et améliore les standards de la comptabilité de l'empreinte eau. Il développe les outils de calcul sur la base de ces standards, et assure la diffusion du concept d'empreinte eau et de ses outils auprès des citoyens, des organismes publics, des entreprises. Ce réseau international regroupe à ce jour près de 120 partenaires (institutions, ONGs[3], agences gouvernementales, entreprises,...) dont le WWF[4].
Le calcul de l'empreinte eau est assez complexe. Des outils plus ou moins complets et simples d'utilisation existent. L'un d'entre eux a été développé par l'organisation Water Footprint Network. D'autres calculateurs existent.
Exemple :
On peut trouver en ligne un calculateur "personnel" d'empreinte eau.
Applications – exemples
L'empreinte eau de nombreux produits a été évaluée. L'exemple du coton est particulièrement révélateur, car sa culture et sa transformation nécessitent d'importants volumes d'eau : au niveau mondial, la production annuelle de coton consomme, sous forme d'irrigation et d'évaporation pour les cultures, 210 milliards de mètres cubes d'eau, et pollue 50 milliards de mètres cubes par le recours aux engrais et aux pesticides, l'ensemble représentant 3,5% de l'eau consommée dans le monde pour les cultures.
L' empreinte eau d'un produit en coton[5] s'élève à environ 11000 litres d'eau par tonne de produit fini : 45 % d'empreinte eau bleue, 41 % d'empreinte eau verte, et 14 % d'empreinte eau grise (engrais, pesticides, produits chimiques lors des processus industriels de cardage, filage, tissage, blanchiment, teinture). Un tee-shirt en coton de 250 grammes a donc une empreinte eau (de production) de 2700 litres.
Si on s'intéresse aux produits et matériaux de construction, on note que l'empreinte eau est loin d'être négligeable.
Matériau | Eau |
|---|---|
Brique | 1.47 |
Béton cellulaire | 1.68 |
Parpaing | 0.70 |
Mortier Ciment | 1.33 |
Acier construction | 25 |
Béton b25 | 0.68 |
Bois Agglo plaque | 8.4 |
Bois lamellé collé | 14 |
Paille | 0.008 |
Bois poutre | 2.8 |
Bois Planche | 13.2 |
Laine de verre | 29.44 |
Polystyrène | 35 |
Placo | 0.56 |
Enduit chaux | 1.73 |
Remarque :
L'ISO[7] travaille sur l'intégration de l'empreinte eau dans l'évaluation des impacts des produits, processus et organisations au sein de la norme 14044[8]. Ce travail a donné lieu à un document préparatoire intitulé empreinte eau, exigences et ligne directrices (ISO /PWI 14046).
Pour en savoir plus
L'ISO envisage une norme relative à l'empreinte eau
The water footprint assessment manual: Setting the global standard[9]
Newsletter Empreinte écologique N°7[10]
Chapagain, Hoekstra, Savenije, Gautam, The water footprint of cotton consumption : an assessment of the impact of worldwide consumption of cotton products on the water ressources in the cotton producing countries », Ecological Economics 60, 2006.[5]
